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ET LA PATIENCE.

la Princesse sous la protection de la Reine, tandis qu’il iroit à la quête de son autre sœur ; mais qu’avant de s’engager à cette recherche, ils avoient eu l’intention de prendre l’avis d’un Solitaire, qui demeuroit, disoit-on, dans un Désert de ce Royaume ; parce qu’ils avoient entendu dire que cet homme merveilleux savoit l’avenir, & le voyoit avec aussi peu d’obscurité que le présent ; que de plus, il mettoit son souverain plaisir à donner des conseils avantageux a ceux qui le consultoient, & qu’il étoit résolu de le gouverner sur les lumieres de ce grand homme : mais que l’ayant rencontrée, ce qu’elle leur apprenoit de la situation d’Angole, leur faisoit changer de dessein, ne doutant pas que loin d’y trouver la protection qu’il desiroit pour Balkir, elle n’y rencontrât sa perte, le traître Mouba étant trop capable de rechercher la faveur de la Reine de Bengal aux dépens de la liberté de cette Princesse, & de la livrer à leurs ennemis : que cet espoir leur étant ainsi ôté, il ne leur restoit plus qu’à l’accompagner par-tout où elle voudroit aller, & que le bonheur les conduiroit peut-être dans quelques lieux où ils apprendroient des nouvelles des objets de leur recherche.