Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
ET LA PATIENCE.

moit encore son dépit, en la raillant sur sa fuite, qu’il traitoit d’éducation provinciale & de pruderie à contretemps ; lui disant qu’elle étoit trop aimable pour être si fantasque, & qu’elle lui avoit des obligations infinies de la peine qu’il prenoit à la guérir de ces petites ridiculités : ajoutant que, pour l’en corriger, il vouloit l’accoutumer, non-seulement à souffrir ses caresses, mais encore à le prévenir, & à lui en faire elle-même.

La continuation de cette insulte n’étoit pas le plus sûr moyen d’appaiser Merille ; malgré les efforts de la Patience, elle se résolut à l’abandonner, lui attribuant l’affront qu’elle recevoit, & protestant de ne point rester avec elle à un tel prix.

Cette sage Divinité ne pouvant la retenir plus long-temps, se retrancha à exiger que du moins, avant d’abandonner la compagnie, elle écoutât Benga un instant. Merille s’y résolut à peine ; car Balkir l’interrompant à tout moment, feignoit de la vouloir encore baiser, & rendoit ce que la Patience & Benga demandoient, plus difficile à obtenir ; enfin le Prince saisissant la premiere minute où il put se faire entendre, se jetta aux genoux de la Princesse irritée.

Calmez votre courroux, belle Dame,