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LE TEMPS

que son frere : c’étoit la seule couleur de son teint qui lui déroboit quelque chose de l’air modeste & doux de Balkir ; mais il étoit pourtant plus respectueux, ne se prévalant pas, comme ce jeune Prince, du prétexte de la parenté pour autoriser des familiarités qui déplaisoient à la Princesse, & dont, malgré cela, elle ne le pouvoit corriger, parce qu’il tournoit en raillerie ce qu’elle lui disoit de plus sérieux à ce sujet.

Elle étoit si offensée de ces procédés, qu’elle n’auroit point tardé à les quitter, si les soumissions de Benga n’avoient adouci l’aigreur que lui causoient les procédés de Balkir, & si la Patience ne l’eût point invitée à pardonner des vivacités à ce jeune homme, qu’elle lui protestoit qui ne couvroient aucunes mauvaises intentions, la sollicitant de tout son pouvoir de ne pas l’abandonner avant d’avoir trouvé le Temps favorable, qui seul devoit mettre des bornes à ses malheurs, & aux recherches que les Princes de Bengal faisoient de leur sœur.

Cette Vertu leur conseilla aussi de ne se pas presser d’arriver dans des lieux habités, mais d’attendre, & même de chercher le Temps, dont elle leur parloit sans cesse. Quoique Merille témoignât une