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ET LA PATIENCE.

mes aussi beaux qu’ils étoient, malgré la proximité du sang qui les unissoit, & la persuasion de leur mérite.

Merille finissoit à peine ces mots, qu’elle se vit entre les bras de Balkir, qui l’embrassant tendrement, la tenoit si étroitement serrée, qu’il lui fut impossible de s’en débarrasser pendant un long-temps. Elle fut surprise de cette liberté, & elle lui en témoigna son ressentiment avec un courroux qui n’étoit pas médiocre ; ce n’étoit point la première fois qu’elle s’étoit apperçue que ce beau Prince n’avoit pas des manieres si respectueuses pour elle, qu’en avoit Benga, & qu’il s’émancipoit souvent à des libertés qui ne convenoient point dans l’exacte régularité ; ce qui, malgré sa beauté, avoit porté, dès les premiers jours, cette Princesse à l’aimer beaucoup moins que son frere, qui, de son côté, juxtifioit cette préférence par ses attentions à prévenir les desirs de Merille, & à mériter son amitié.

Il n’étoit pas moins aimable que Balkir ; & s’il lui étoit inférieur dans la délicatesse du teint ou la régularité des traits, il en étoit dédommagé par l’avantage de la taille, outre que son visage avoit un air plus mâle & plus auguste ; il étoit fait en perfection, étant beaucoup plus grand