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ET LA PATIENCE.

avoit faite de l’utilité dont lui avoit été la Déesse, dit à ses parents qu’elle étoit résolue à ne pas abandonner sa Conductrice, & voulut prendre congé d’eux, en leur rendant mille grace du secours qu’elle en avoit reçu ; mais Benga l’interrompant avec empressement : Pourquoi voulez-vous nous quitter, belle Dame, reprit-il ? vous pouvez retenir la Patience auprès de vous, sans pour cela nous bannir ; nous connoissons son mérite, & nous avons pour elle tout le respect qui lui est dû, nous irons où il vous plaira, & où elle vous inspirera d’aller. Rien ne nous appelle d’un côté préférablement à un autre, mais puisque nous avons été assez heureux pour vous rencontrer, ne nous privez pas d’un bonheur que nous tenons du hazard : nous n’avons point de vues ni de routes fixes qui nous offrent l’espérance de retrouver Zelima, notre sœur, plus d’un côté que de l’autre ; & il est vraisemblable que si la fortune veut nous favoriser, ce sera plutôt en vous suivant qu’en nous séparant de vous. Peut-on, ajouta-t-il, avec une exclamation, être malheureux auprès d’une si belle personne !

La Princesse ne put résister à cet obligeant discours, & non-seulement elle ac-