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LE TEMPS

de notre absence, le détermineront à nous inviter de retourner auprès de lui, & à nous promettre de cesser de la contraindre. Il est inviolable dans sa parole ; s’il nous la donne une fois, nous y pouvons compter comme sur les serments les plus authentiques.

Merille fut ravie d’apprendre que le hazard l’avoit servie assez favorablement pour lui faire rencontrer ses cousins germains : car leur mere étoit sœur du feu Roi d’Angole ; mais elle ne put entendre sans douleur la résolution où ils étoient d’aller chercher un asyle auprès de la Reine sa mere, dans la funeste situation où la vieille Esclave lui avoit appris que cette déplorable Princesse se trouvoit réduite.

Hélas ! Princes, leur dit-elle en pleurant, quel asyle choisissez-vous ! la Reine d’Angole seroit sans doute assez généreuse pour protéger la Princesse de Bengal, si elle étoit sa maîtresse dans ses propres Etats ; mais vous ignorez qu’elle-même est esclave d’un Ministre insolent, dont l’audace & l’ambition sont montées à un tel excès, qu’elle n’a que l’apparence du pouvoir souverain & de la liberté, tandis que ce Tyran est en effet Maître absolu, et que l’infortunée Merille, sur le secours de qui vous semblez compter, a été for-