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LE TEMPS

il pas permis à une belle personne ? Cette Princesse étoit faite de façon à trouver des facilités où d’autres n’auroient rencontré que des obstacles. Le plus âgé des deux inconnus prenant la parole, lui répondit, qu’ils étoient freres & fils du Roi de Bengal, qu’il avoit nom Benga, & que son frere s’appelloit Balkir, qu’ils avoient une sœur fort aimable, que leur marâtre, femme de leur pere, vouloit faire épouser à son frere, mais que cet homme, qui, outre la race fort commune d’où il sortoit, avoit encore mille défauts, étant extraordinairement laid, & encore plus vicieux qu’effroyable ; enfin, qu’étant un monstre, pour qui on ne pouvoit avoir trop d’horreur & de mépris, il en avoit inspiré à leur tour, au point qu’elle auroit préféré la mort à son alliance, n’ayant pas balancé à refuser absolument un mariage si indigne d’elle de toutes les façons.

Mais, Madame, ajouta ce Prince, sans que nous sachions ce que ma sœur est devenue, ni par qui elle a été enlevée, elle a disparu du Palais de Bengal. Des circonstances trop longues à détailler, ne nous permettent pas de soupçonner le frere de la Reine d’avoir commis cette violence. Cependant, comme il est certain que nous venons de perdre une Prin-