Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/63

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
ET LA PATIENCE.

celle de son compagnon, qui, malgré cet avantage, ne paroissoit pas moins aimable.

Le desir que ces deux voyageurs avoient de la connoître, étoit du moins aussi fort que celui qui la pressoit de savoir qui étoient ces jeunes Seigneurs, & ce qui les conduisit dans ce lieu sauvage. Il étoit tel, qu’ils furent vingt fois tentés de l’éveiller, & n’en avoient été retenus que par les soins de la Patience ; elle s’y opposa si fortement, que ces jeunes gens, qui la connoissoient parfaitement, n’oserent la désobliger, & le virent forcés d’attendre le réveil de Merille : mais comme son repos finissoit naturellement, ils se leverent, & s’approchant d’elle avec respect, ils s’admirerent réciproquement, en témoignant la joie qu’ils avoient de cette heureuse rencontre.

Merille, à qui on n’avoit pas assez donné de leçons de politesse pour qu’elle fût qu’il n’est pas convenable de faire des questions, lorsque l’on ignore si les personnes à qui elles sont faites le trouveront bon, leur demanda sans façon, en Princesse qui ne se gêne point, qui ils étoient, & quel hazard les avoit conduits dans ce désert. Peut-être qu’une question aussi peu prévue les auroit offensés de toute autre part ; mais que n’est-