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LE TEMPS

douleur donnât aucune atteinte à la résolution qui l’avoit forcée de se mettre en chemin.

Cette Princesse étoit dans une telle perplexité, lorsque l’inconnue cherchant à la consoler : Belle Merille, lui dit-elle, vous redoublez vous-même vos tourments ; le parti que vous prenez n’est pas le meilleur : il en est un autre plus sage, c’est celui de vous jetter dans mes bras : je vous offre cet asyle de bon cœur, profitez-en, & me croyez ; c’est le seul moyen d’adoucir en quelque sorte la dureté de votre état présent.

La triste Merille, touchée de la bonté de la personne qui lui parloit, accepta le secours qu’elle lui offrait, & se mit sur ses genoux, appuyant la tête contre son sein, où elle trouva enfin, sinon un vrai repos, du moins un peu de tranquillité ; ses chagrins cesserent d’être aussi violents, & elle se sentit renaître assez de courage pour attendre le jour avec moins de desespoir.

Quoique son éducation eût été extrêmement négligée, la beauté de son naturel s’étoit soutenue sans aucun secours ; & la reconnoissance du bon office que lui rendoit si amicalement cette femme, la toucha au point que, ne la lui pou-