Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
ET LA PATIENCE.

fût trois fois plus grand que le parc du Palais où elle avoit été élevée : ainsi, n’en ayant qu’une idée très-raccourcie, elle ne doutoit point qu’il ne lui fût facile de le parcourir en trois jours au plus, se flattant de trouver les freres dans ce peu de temps, & ne faisant aucune attention au danger que court une jeune fille errante seule, sans savoir même où elle veut porter ses pas.

Exempte de toutes ces réflexions, elle marcha le plus vite qu’il lui fut possible, sans penser à se précautionner pour la plus légere nourriture, & n’étant uniquement occupée que de la crainte d’être reconnue & ramenée au Palais. Ignorant également tous les chemins, elle prit celui qui lui parut le moins pratique & allant tant que ses forces le lui permirent, elle courut six heures sans s’arrêter ; mais enfin il fallut céder à la fatigue, & se reposer.

Comme le jour étoit prêt à finir, cherchant de l’œil un endroit où elle pût trouver une espece d’abri pour passer la nuit plus commodément, elle apperçut une femme auprès d’un buisson, qui étoit occupée avec un écheveau de fil extrêmement mêlé, qu’elle avoit passé dans les branches de ce buisson pour en faire une