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ET LA PATIENCE.

L’Esclave n’oublia aucune des circonstances de cette conversation, & les lui récita fort exactement, ainsi que les maux où le Pays étoit plongé actuellement, & ceux qui étoient encore à craindre, attribuant les uns & les autres à la vengeance des Dieux, qui punissoient la Reine de l’injustice où elle avoit porté son Epoux.

Vous voyez bien, ma fille, continua-t-elle, que ce n’est pas sans sujet que je vous ai dit que Merille est cause de notre ruine & de toutes nos disgraces, ainsi que sa mere, & qu’elles nous ont été données comme des fléaux pour notre perte à tous.

J’avoue, continua-t-elle, que la Reine souffre bien la peine des maux qu’elle nous cause, puisque si son ambition lui a fait commettre une faute aussi considérable, elle en est cruellement punie, étant dans une appréhension continuelle de devenir, la victime du lâche qui l’a séduite par ses pernicieux conseils ; au-lieu que si elle se fut contentée de l’excès d’honneur que le Roi lui avoit fait, un de nos Princes régneroit, ils seroient tous deux ici, & la respecteroient comme une Reine veuve de leur pere ; ils aimeroient leur sœur, qui, sous leurs auspices, couleroit sa vie sans danger, & ne seroit séparée d’eux que par