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ET LA PATIENCE.

nétré ses intentions, faisoit ses efforts pour y mettre obstacle, la triste Merille, de qui la liberté avoit augmenté avec l’âge, sortit un jour pour se promener dans la Ville ; (ce qui lui étoit assez ordinaire) en passant devant la porte d’une vieille femme qui mondoit du riz, elle lui demanda par un amusement d’enfant, si elle vouloit qu’elle lui aidât, pour lui épargner une peine, dont elle paroissoit fort fatiguée.

La vieille, qui étoit extrêmement foible, envisageant Merille, après avoir examiné son habillement, dont la simplicité alloit jusqu’au délabrement, ne soupçonna point qu’il couvrît une grande Princesse ; ainsi acceptant son offre sans façon, elle lui apprit comme il falloit faire, & Merille eut expédié son ouvrage en peu de moments.

La vieille, reconnoissante de ce bon office, l’invita d’entrer chez elle, où elle lui présenta la collation, & lui souhaita toutes sortes de bénédictions. Qui que vous soyez, lui dit-elle, en la baisant au front, puissiez-vous être plus heureuse que notre jeune Princesse, dont l’infortune a précédé la naissance, & qui, avant de voir le jour, a été un sujet de malédiction pour la Race royale, de qui elle a