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LE TEMPS

tale découverte arrivoit trop tard, pour qu’il fût possible à cette Princesse d’en profiter.

La conviction de son impuissance la mit au désespoir, & ne lui permit plus d’ignorer que l’injustice qu’elle avoit forcé son Epoux de commettre contre ses enfants, lui alloit devenir inutile, & peut-être funeste. Cette connoissance fit qu’elle ne borna pas les justes craintes à celles de la perte de son pouvoir ; la poussant plus loin, elle appréhenda avec raison pour la vie & pour celle de sa fille ; ce qui la porta à ne songer plus qu’à se préserver de ce qu’elle redoutoit. Cette occupation étant suffisante pour employer tous les moments, il ne lui en restoit point à donner à Merille ; la tendresse qu’elle avoit pour cette chere enfant, exigeant d’elle qu’elle s’occupât à quelque chose de plus sérieux que les caresses qu’elle lui avoit prodiguées, quand elle avoit eu la commodité de les lui faire, sans que ce temps perdu leur fût préjudiciable.

Elle le voyoit environnée de traîtres, qui ne cherchoient qu’à pénétrer ses plus secretes pensées pour en faire leur cour au Tyran ; ce qui la forçoit d’avoir une attention perpétuelle à observer ses en-