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LE TEMPS

tré à l’instant au Peuple, & à ceux qui n’étoient pas du secret, pendant que l’on emportoit le fils du Roi par un escalier dérobé, & une porte secrete qui donnoit dans le Cabinet de la Reine.

Cette Princesse apprenant tout-à-la-fois la mort & le sexe de son second enfant, s’en consola aisément, en songeant au malheur de la vie privée où il étoit condamné, & aux accidents que la contrariété des destinées de la sœur & du frere auroient causés à l’un & à l’autre. Envisageant cette perte plutôt comme un bonheur que comme une infortune, elle ne pensa uniquement qu’à donner les soins à la fille qu’elle possédoit, tandis que Mouba s’occupoit de celui de lui cacher pour toujours l’enfant qu’il lui avoit dérobé, & il ordonna à un de ses Esclaves de s’en défaire. L’Esclave n’ayant pas compris la volonté de son Maître, ignorant quel étoit le sort de cette petite créature, 1a porta à sa femme ; &, après qu’elle l’eut enveloppé de langes convenables à ses propres enfants, il l’invita à lui offrir la mammelle, & puis il retourna le présenter au grand Sacrificateur, en lui demandant ce qu’il desiroit qu’il en fît. Mouba s’emporta furieusement, en lui répétant l’ordre de s’en défaire, qu’il lui