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LE TEMPS

contre eux de la part de la Reine. Elle sentoit d’avance une tendresse de mere pour l’enfant qui n’étoit pas encore né ; & sachant qu’elle ne pouvoit les priver de la Couronne sans risquer de mettre son fils en danger, elle refusoit de se prêter à rien de ce qui leur pouvoit nuire : ainsi ce perfide, qui n’osoit prendre sur son compte la mort des Princes, de peur d’être trahi, ne voyant plus de ressource qu’en lui-même, le confirma dans la résolution de perdre cet enfant avant toutes choses.

Il fit apporter secrétement dans l’appartement de la Reine, un petit garçon mort, ordonnant à ceux qui dévoient recevoir celui qu’elle mettroit au monde, de le substituer à sa place, & de lui remettre le Prince naissant, leur recommandant de laisser, sans en faire d’échange, la Princesse, si par bonheur c’en étoit une.

Ces mesures prises avec tant de précautions, parurent fort inutiles, car la Reine donna le jour à une fille.

On mit d’abord la quenouille sur la tour ; & aussi-tôt qu’elle fut apperçue celui qui commandoit l’Escorte, il communiqua aux Princes l’ordre qu’il avoit, leur mettant entre les mains une somme assez considérable, dont la Reine l’avoit