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LE TEMPS

à la Cour ; une négociation secrete l’en avoit éloigné pour quelque temps.

Il ne sentoit pas une moindre impatience de rejoindre la Reine, qu’elle en avoit de son retour ; les traitres & les ambitieux redoutant toujours qu’en leur absence on ne développe leur caractere, ou que quelqu’autre, semblable à eux, ne profite de leur éloignement, pour les supplanter : ainsi, abrégeant son voyage le plus qu’il lui fut possible, il se rendit auprès de la Reine au moment que, succombant sous le poids de ses inquiétudes, elle alloit lui envoyer un Courier, avec ordre de venir sans tarder.

Il paroissoit à peine, qu’elle lui apprit le sujet de ses allarmes, lui demandant ce qu’elle devoit faire dans cette fâcheuse conjoncture ; il ne sut d’abord quel avis lui donner, & rêva quelque temps. La surprise qui paroissoit sur son visage, continuant à abuser la Reine, elle lui sut un gré infini du zele qu’elle ne doutoit pas qui ne fut cause de son embarras. Mais, loin de mériter les sentiments qu’elle avoit pour lui, & de penser d’une façon convenable à la confiance de sa Souveraine, il n’étoit occupé que du soin d’examiner si ce nouvel incident lui seroit préjudiciable ou avantageux, & ayant déterminé en