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ET LA PATIENCE.

bonheur du Fils de la Reine dépendroit entiérement de la vie & de la fortune de ses freres ; qu’enfin, il ne pourroit être heureux que quand ils le seroient, & que, si un de ses ainés ne régnoit pas, cet enfant couroit risque de périr miserablement ; quant à lui, qu’il passeroit ses jours dans une condition privée, quoique très-heureuse, & qu’il rendroit son nom illustre sous la domination de son légitime Souverain : mais au contraire, que la différence du sexe en mettroit une grande dans la fortune, puisque sa fille, loin d’être dans la condition privée, deviendroit la plus grande Reine de l’Asie, pourvu qu’elle ne connût ses freres qu’après qu’elle auroit quinze ans accomplis, ajoutant que si elle les voyoit avant, elle ne pourroit éviter bien des malheurs, & souffriroit des traverses terribles, qu’il lui seroit impossible de surmonter sans le secours du temps & celui de la patience.

Le rapport fidele que ce Confident de la Reine fit à sa Maîtresse, lui causa une douleur sensible ; elle ne savoit de qui prendre conseil pour éviter les dangers dont sa fille étoit ménacée, si elle en avoit une, ou pour se consoler de l’exclusion du Trône, que cet Oracle donnoit à son fils, si c’en étoit un. Mouba n’étoit point