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LE TEMPS

qu’elle considéroit comme le chef-d’œuvre de sa bonne fortune.

A ce juste devoir & à cet amour de mere, se joignit une curiosité féminine. Sa grossesse, sans la rendre plus équitable, la rendit superstitieuse, en vouant cet enfant à toutes les Divinités d’Angole. Elle ne se contenta pas de cela, & voulut absolument consulter un Faquir qui passoit pour un saint homme, & qui étoit si bien avec les Etres suprêmes, que, sans le secours des astres, il lisoit dans l’avenir avec autant de facilité qu’il voyoit les actions présentes. La Reine étoit trop intéressée à la destinée de ce précieux enfant, pour rien négliger de ce qui pouvoit l’en instruire.

Des raisons de bienséance l’empêcherent de faire cette visite publiquement ; cet homme merveilleux haïssoit le faste, & il ne convenoit pas à une si grande Reine d’aller simplement dans ses propres Etats ; ainsi la contrainte du cérémonial la força au secret, & même à s’en rapporter à un tiers, lui étant impossible de faire ce voyage incognitò.

Elle chargea de cette ambassade un de ses plus chers Confidents, & celui qui lui étoit le plus véritablement affectionné. Le Faquir répondit sans balancer, que le