Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/198

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
192
LE TEMPS

pondit, d’un air plein de reconnoissance, qu’ils étoient des Voyageurs égarés dans la forêt, d’où ne pouvant retrouver leur chemin, ils avoient été obligés de sortir pour venir demander une retraite dans ce Palais, où ils n’avoient point douté que l’on n’eût la charité de les recevoir. Après quoi voyant que la mine gracieuse de cette affreuse beauté continuoit, & n’appréhendant plus qu’elle l’eût affectée pour les surprendre, il ajouta qu’ils avoient laissé dans le bois deux de leurs freres & une sœur, qui, étant trop fatigués pour les suivre, s’étoient assis, & se reposoient en attendant leur retour.

Comme il finissoit ces paroles, ils virent paraître un grand homme, fait, en son espece, comme sa femme, & qui n’étoit pas plus joli ; mais il ne le regarda point d’un œil si favorable : loin que ses yeux s’adoucissent de même qu’avoient fait ceux de sa digne moitié, ils semblerent en devenir plus horribles.

Que voulez-vous faire encore de ces gens-là, dit-il séchement à la Dame ? n’avez-vous pas allez d’hommes dans ces lieux ? Almenza, reprenant la parole : Seigneur, lui dit-il, en s’inclinant respectueusement, de grace, ne vous offensez point de notre présence ; nous ne demandons