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ET LA PATIENCE.

ver de plus fâcheux que la situation où ils étoient, ils frapperent à cette porte, évitant de faire de nouvelles réflexions.

On la leur ouvrit à l’instant, & sans de plus longs discours, ni même de questions, on les fit entrer, les conduisant dans une grande salle, où ils trouverent une femme fort vieille & encore plus laide, qui distribuoit de la soie à filer à plusieurs jeunes personnes.

Cette femme étoit d’une taille presque gigantesque, maigre & noire ; elle avoit l’air dur & sombre ; mais ses yeux s’adoucirent tout d’un coup à l’aspect des Princes, de qui la beauté & la bonne mine étoient remarquables, malgré leur fatigue & le délabrement de leurs vêtements. Elle les regarda aussi gracieusement que le put permettre sa farouche physionomie, les rassurant, par l’espérance qu’elle leur donna qu’ils trouveroient un asyle en ce lieu contre les poursuites du mauvais Temps.

Qui êtes-vous, charmants Etrangers, leur dit-elle, & quel motif vous conduit chez moi ? avez-vous besoin de mon secours ? parlez, je vous en offre un qui n’est pas tout-à-fait impuissant. Ce discours obligeant acheva de rassurer Almenza & son frere. Le premier lui ré-