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ET LA PATIENCE.

souffroient pas moins, & le malheur qui accabloit leurs Maîtresses se joignoit au leur pour augmenter les tourments dont ils étoient environnés. Ceux qu’ils avoient endurés dans la maison des marbres, leur rendoient suspectes toutes les habitations qui en avoient quelques apparences, se fiant plutôt aux cabanes, où ils n’avoient jamais trouvé que de la candeur, qu’aux plus riches Palais, dont l’expérience leur faisoit connoître le danger ; mais enfin ayant passé deux jours sans avoir la moindre subsistance, & la boule semblant affecter de les conduire avec plus de peine & de diligence, ils se trouverent si accablés de faim & de lassitude, que, se couchant au pied d’un buisson, ils étoient prêts de s’abandonner au désespoir, lorsque Kuba proposa que, tandis qu’il leur restoit encore un peu de forces, deux d’entre eux se détachant, fussent chercher le moyen de ne pas périr sans assistance. Il faut, continua-t-il, aller à la découverte ; si on ne nous veut pas recevoir, du moins ne nous refusera-t-on point quelques légers aliments.

Quoique ceux qui devoient être chargés de cette députation, eussent l’espérance d’être les premiers soulagés, ce n’étoit pas la raison qui les portoit à de-