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ET LA PATIENCE.

étoient finis, ils s’en délassoient par des chants & des danses rustiques, qui faisoient envier leur sort aux Princes voyageurs. Ces lieux étoient sous la domination des Temps heureux & innocents.

Lorsqu’ils avoient le bonheur de se trouver dans ces paisibles demeures, ils y passoient quelques jours en repos ; ces Peuples champêtres leur faisoient agréablement part de leurs provisions, & ne les laissoient jamais partir qu’à regret.

Mais s’ils étoient quelquefois soulagés par le séjour qu’ils faisoient dans des lieux dépendants de l’heureux Temps, ils étoient plus souvent accablés par la nécessité qui les forçoit à séjourner dans des endroits où régnoit le Temps infortuné ; car la boule les faisoit passer en des lieux affreux, les conduisant fréquemment sur des montagnes escarpées, qu’elle montoit comme si elle eût été lancée, & où il falloit courir pour la suivre, au risque de se tuer ; d’autres fois, lorsqu’elle se trouvoit au sommet, & que ceux qui la suivoient espéroient de reprendre haleine, elle se précipitoit du haut en bas avec une rapidité qui ne rendoit pas le péril de la descente moins pressant qu’avoit été celui de monter.

Pour combler leur embarras, le Temps