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LE TEMPS

testant qu’ils ne leur vouloient point faire de mal, n’exigeant rien autre chose d’eux, sinon qu’ils les missent à terre, lorsqu’ils seroient un peu loin, & qu’en continuant leur voyage, ils leur gardassent le secret, sans jamais révéler par quels moyens ils s’étoient sauvés.

Ces fugitifs étoient les plus forts, & de plus ils avoient tant de charmes, que les pauvres gens n’eurent aucunes peines à leur promettre ce qu’ils demandoient ; & ayant ramé fidélement encore quatorze jours, le quinzième ils les avertirent qu’il étoit temps de se séparer, parce que le lendemain leur voyage seroit terminé.

Cette famille profitant de l’avis des vieux esclaves, débarqua promptement ; & ayant pris quelques-unes de leurs provisions, ils les quitterent. L’endroit où ils descendirent, leur parut charmant & fort solitaire. Si l’impatience de retrouver Zelima eût été moins forte, ils auroient passé quelques jours avec plaisirs dans ce beau désert ; mais leur empressement ne leur permettant pas de se donner cette satisfaction, après avoir pris seulement une heure de repos, Merille lança la boule qui leur servoit de boussole, & qu’ils avoient conservée précieuse-