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LE TEMPS

Merille, plus vives & moins prudentes, ne se fussent encore une fois lassées de la direction de la Patience. Elles la fatiguerent tant, qu’elle les quitta de nouveau ; & comme cette troupe étoit d’une union parfaite, ceux qui n’étoient pas prévenus contre elle, & qui en connoissoient tout le mérite, n’oserent la retenir, de peur de s’attirer des reproches de la part de celles qui la bannissoient, d’autant qu’Almenza, (qui ne s’y abandonnoit qu’à regret depuis qu’il avoit vu le portrait de Zelima) ravi d’avoir un prétexte à se soustraire à cette domination, se joignit au parti des Princesses, qui, n’ayant pas assez de confiance pour soutenir la dureté du Temps, déclarerent à leurs freres qu’elles n’avoient plus d’autre choix à faire que de sortir de ce lieu, ou de se donner la mort.

Cette cruelle alternative ne laissoit plus aux freres ni aux amants la faculté d’éluder un départ qui devenoit si nécessaire ; mais une fort grande difficulté s’y opposoit, puisqu’ils ne pouvoient presque douter qu’ils ne fussent esclaves, & que le parti dont le Maître leur avoit donné le choix, ne fût borné à celui qu’ils avoient pris, & auquel il les auroit forcés de revenir, supposé qu’ils en eussent fait un au-