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ET LA PATIENCE.

leurs efforts pour remplir sans murmure un devoir forcé, les excitant même à essayer d’adoucir la férocité de ce Maître cruel. Ils y réussirent en quelques façons. Le Temps, qui les accoutuma au travail, le leur fit trouver moins dur, & fit aussi que ce Barbare, voyant leur assiduité de leur adresse, ne les traita plus si rigoureusement ; venant à les aimer assez pour les tirer souvent de ce pénible exercice, & pour les mettre à d’autres moins laborieux, il les faisoit travailler aux jardins, occupation dont il ne gratifioit que les plus favoris, & que les Princes envisageoient comme un grand bonheur, en le comparant à leurs premiers travaux. Cet adoucissement à leurs peines étoit accompagné d’un autre qui n’étoit pas moindre ; c’étoit une nourriture souvent meilleure que celle de leur riz ordinaire, & qui les substantoit mieux, les empêchant de succomber sous le poids de leur malheur.

Comme le Temps & la Patience accoutument à tout, cette illustre jeunesse se formoit insensiblement à une vie laborieuse, dont l’habitude adoucissoit l’amertume, de ils auroient attendu le retour du bon Temps, sans trop se plaindre des rigueurs du Temps présent, si Balkir &