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LE TEMPS

Quant à Balkir & à Merille, elles promirent à la Patience de s’abandonner à sa conduite. Leur résolution étoit à peine formée, qu’ils entendirent ouvrir la prison ; ils suivirent sans résistance ceux qui le leur ordonnerent. On les mena devant le Maître, qu’ils trouverent auprès d’une carriere de marbre, où il y avoit plusieurs malheureux occupés, les uns à tirer des blocs du sein de la terre, & d’autres à les scier ou à les porter.

Puisque vous êtes si éloignés de votre Patrie, leur dit-il d’un air farouche, il est inutile que vous songiez à la revoir ; après avoir pensé succomber sous la peine de venir jusqu’ici, vous y péririez indubitablement, si vous vouliez entreprendre de retourner d’où vous venez ; & le dessein de chercher votre sœur, ne sachant où la trouver, n’est pas moins ridicule : ainsi je juge à propos que vous borniez vos courses en ce lieu, d’où il y a plus de deux cents lieues jusqu’à la première habitation.

La brutalité dont cet homme leur offroit, ou plutôt leur ordonnoit un asyle, les dégoûtoit fort de l’accepter. Mais la réflexion qu’ils faisoient sur les menaces récentes que leur avoit fait le Temps, ne leur permit pas de demander la permis-