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ET LA PATIENCE.

faire de vous, en attendant, on va vous donner quelques nourritures, ce qui apparemment vous est aussi nécessaire que le repos. A ces mots, ayant fait signe à l’Esclave de les conduire, il leur tourna le dos sans autres discours.

Malgré la sécheresse de cette réception, ils suivirent leur conducteur dans une salle grillée, ou plutôt dans une espece de caveau, où ils trouverent de la paille, sur quoi ils se jetterent, & peu après on leur apporta une grande terrine pleine de riz, préparé grossiérement. Quoique ce mêts fût peu ragoûtant, ils en mangerent avec avidité, & la nécessité le leur fit trouver merveilleux. Mais leur faim étant appaisée, ils firent réflexion à la façon dont cet Hôte leur avoit parlé ; ce qui commença à les allarmer. Pour redoubler encore leur inquiétude, ils s’apperçurent qu’ils étoient prisonniers ; car les grillages de leurs fenêtres ne pouvoient pas leur sembler un effet du hazard, par la précaution dont on avoit fermé la porte, après les avoir désarmés ; ils n’y avoient pas fait attention d’abord, mais toutes ces circonstances les forçoient à se les rappeller.

Malgré tant de sujets d’inquiétudes, leur accablement étoit si fort, qu’ils s’en-