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ET LA PATIENCE.

leurs cœurs ; &, ranimant l’espoir que la fatigue avoit presque détruit, ils résolurent unanimement d’y frapper, & d’y demander un asyle pendant quelques jours, ne doutant pas que le récit de leur état déplorable n’inspirât assez de pitié à ceux qui l’habitoient, pour les porter à leur accorder cette grace.

La boule, qui cessoit de rouler partout où il falloit qu’ils prissent du repos, servit à les confirmer dans ce dessein en s’arrêtant à la porte, où elle frappa naturellement par le bond que lui fit faire l’obstacle qui s’opposoit à sa course.

Un vieil Esclave ouvrit sans tarder : ils lui exposerent leur besoin, & les raisons qui les obligeoient d’avoir recours à la généralité des Maîtres de ce lieu. L’Esclave ne leur répondit rien, mais il leur fit signe d’entrer ; & après avoir refermé la porte avec soin, il leur fit un autre signe pour les inviter à le suivre, les conduisant en silence à son Patron, qui étoit un grand homme, dont le regard dur & farouche ne leur laissa pas la douceur de se flatter qu’ils en seroient reçus d’une maniere aussi affectueuse qu’ils l’avoient été par le Roi solitaire. Ils furent confirmés dans leur crainte, quand cet homme leur demanda, d’un ton brusque, qui