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ET LA PATIENCE.

trouva que non-seulement il étoit juste, mais encore absolument nécessaire d’avoir autant d’empressement ; & Merille, à qui la négligence de son éducation avoit toujours permis de dire sa pensée librement, sans être contrainte par la dissimulation qu’exige l’exacte bienséance, demanda à ce Prince, d’un air railleur, s’il n’avoit pas autant de courage que Balkir & elle.

Ces reproches devenoient inutiles en ce moment, la vue du portrait avoit décidé la question dans le cœur d’Almenza ; celle qui causoit l’entreprise étoit trop belle, pour qu’on n’eût pas raison en tout ce qui pouvoit tourner à son avantage. Ainsi tous animés du même esprit, ils suivirent la boule avec plus de gayeté, & lui ordonnerent, de la part du Temps, de les conduire au lieu que la Princesse de Bengal habitoit.

La boule obéissant à cet ordre, les fit marcher par des déserts terribles & des forêts affreuses, où ils furent plusieurs jours sans rencontrer autre chose que des bêtes féroces, contre lesquelles les Princes avoient souvent besoin de valeur pour se préserver de leurs dents cruelles.

A cette perpétuelle incommodité se joignoit presque toujours celle de la diete.