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ET LA PATIENCE.

malheurs ; & la peur de brouter l’herbe, ou d’être la pâture d’un monstre, les força de suspendre l’ardeur de changer de demeure. Cette résolution prise, ils invoquerent la Patience, qui, suivant ce que leur avoit dit le sage Philosophe, ne résista pas à leurs premières instances, & se rendit auprès d’eux, en les consolant de tout son pouvoir. Mais le Temps, courroucé du peu de cas qu’ils avoient fait de ses bontés, voulant absolument les punir, les priva de ce doux secours, & la leur ôta.

Ils n’en furent pas plutôt séparés, que les Princesses recommencerent à presser leurs freres de s’éloigner, oubliant, les uns & les autres, sous quelles conditions ils pouvoient exécuter leur dangereux projet. Les Princes, s’étourdissant comme leurs sœurs sur les conséquences de cette démarche, en témoignerent autant d’empressement, sans que les représentations de l’Astrologue eussent aucun pouvoir. Ne voyez-vous pas, disoit Balkir, que ce vieillard est plus fin que nous ? Il ne nous donne une épouvante si singuliere, que parce qu’il ne veut pas rester seul ; la fatigue qu’il aura en se servant de nouveau, lui paroit trop forte, & le bon homme cherche à nous persuader de le