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LE TEMPS

Ils lui expliquerent ce qu’ils desiroient de sa complaisance, &, lui apprirent la résolution où ils étoient de courir de nouveau le risque des fâcheux événements. Ce sage Roi fut fort affligé de leur dessein ; mais les termes dont Balkir, qui portoit la parole, venoit de le servir, étoient si positifs, & témoignoient une volonté si déterminée, que, jugeant inutile de s’opposer à leur intention, il ne leur en dit que deux mots. Ne songeant qu’à les satisfaire, il fit les Observations Astronomiques les plus justes qu’il lui fut possible, mais il n’eut pas la satisfaction d’en tirer rien d’agréable à leur dire ; au contraire, il ne put s’empêcher de leur apprendre qu’il ne prévoyoit que des peines, qui augmenteroient continuellement, s’ils ne renonçoient promptement à un projet qui leur seroit funeste, puisqu’ils n’avoient qu’à s’attendre à trouver le Temps contraire par-tout.

Jeune Merille, dit-il à cette Princesse, l’expérience devroit calmer votre vivacité, puisque vous ne pouvez avoir oublié ce qu’il vous en a coûté après avoir rejetté le secours de la Patience. Vous avez déja enduré bien des maux, en prématurant le moment de connoître vos freres, sans que l’imprudence que vous