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ET LA PATIENCE.

solitaire, & de l’esprit de qui l’ambition étoit bannie, firent leur possible pour persuader aux trois autres qu’il étoit plus sûr & plus prudent d’attendre paisiblement le bon temps à venir, que d’aller, par une indiscrete précipitation, au-devant du mauvais, leur rappellant les leçons que leur avoit donné la Patience ; mais ils ne réussirent pas : & Kuba, que son amour entraînoit à suivre les volontés de l’objet de ses feux, ne balança pas à vaincre la répugnance qu’il sentoit pour s’éloigner d’un Roi son Bienfaicteur, auprès de qui il avoit trouvé une paix, qui seroit devenue son supplice, s’il l’eût fallu conserver à un prix aussi cher que la privation de l’entretien de Balkir.

Cependant l’ainé, qui n’étoit pas aveuglé par sa passion, & qui, plus tranquille ; pensoit aussi plus raisonnablement, voyant que son frere, se laissant guider à la sienne, étoit presque vaincu par leurs imprudentes délibérations, exigea que, du moins avant de se mettre en voyage, ils priassent leur Hôte de consulter les astres sur leurs destinées.

L’impatience qui les possédoit, ne souffrant pas de retardements, les força d’aller à l’instant chercher ce savant homme, qui travailloit paisiblement dans son jardin.