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ET LA PATIENCE.

furent fort étonnés de se voir mander au Conseil. Mais leur surprise fut encore plus grande en voyant mon fils sur le Trône, & moi assis à ses pieds.

J’allai au-devant d’elle : Belle Princesse, lui dis-je, en lui présentant la main, vous êtes venue en ces lieux pour en épouser le Roi, vos serments vous y engagent : c’étoit moi qui devois jouir de ce bonheur, mais des raisons importantes s’y opposent ; je ne regne plus, & le Roi votre pere, qui n’a pas voulu que mon fils fût votre epoux, parce qu’il étoit mon Sujet, ne peut avoir plus d’indulgence pour moi, puisque je suis devenu le sien.

En disant ces mots, je l’avois obligée à se placer auprès du nouveau Roi ; & sa surprise l’empêchant de me résister, elle s’y trouva assise sans presque s’en être apperçue. L’Ambassadeur n’étoit pas moins étonné qu’elle ; mais sans leur donner le temps de revenir de leur surprise, ni de l’exprimer, je criai : Vive le Roi, mon fils, & la Reine, son épouse ; puissent-ils vivre long-temps heureux, & puissent les Sujets que je leur donne, bénir à jamais leur regne fortuné !

Cette aventure surprenante, remplissant les ordres de l’Ambassadeur, & mettant dès ce moment la Couronne sur la