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ET LA PATIENCE.

quai enfin le jour où se devoit célébrer cette fête : celui qui le précéda étant arrivé, je m’apperçus que la mélancolie qui n’avoit pas abandonné la Princesse depuis qu’elle étoit dans mes Etats, s’étoit augmentée considérablement. Je n’osai lui en demander la raison, craignant de faire couler des pleurs qu’elle sembloit retenir à peine. Je ne pouvois cependant m’imaginer que ce fût l’approche de notre union qui causât ce redoublement de chagrin. Elle ne m’avoit jamais témoigné une ardeur bien vive, mais la douceur & l’air charmant dont elle recevoit mes soins, faisoient présumer qu’elle voyoit sa destinée sans répugnance, & que la modestie seule me déroboit des manières plus empressées.

Je ne restai chez elle qu’un instant : peu de temps après que je l’eus quittée, la chaleur qui diminuoit par l’éloignement du jour, m’invitant à profiter du frais, je descendis dans les jardins du Palais, où, m’éloignant de ma suite, je m’enfonçai dans un bosquet qui avoit des doubles palissades, entre lesquelles étoient des sieges de gazon ; je m’assis en ce lieu, également occupé des plaisirs que le jour suivant me promettoit, & de la tristesse où je voyois que celle qui alloit être mon