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LE TEMPS

tôt toute-puissante sur les volontés d’un époux amoureux.

Des craintes si bien fondées ne l’épouvanterent nullement. Il me répondit avec une forte d’indifférence, qu’il étoit trop convaincu de la vertu de la Princesse de Golgonde, pour en redouter aucunes injustices, & me parut aussi déterminé à ne pas accepter le pouvoir souverain que je lui offrois, qu’il l’avoit été ci-devant à refuser d’engager sa liberté.

Cependant l’Ambassadeur de Golgonde me témoignoit autant d’impatience que de surprise, du retardement que j’apportois à terminer l’alliance que j’avois desirée. Mon amour m’en pressoit encore plus : mais la tristesse que je remarquois dans les yeux de mon fils, qui, augmentant de jours en jours, ne lui laissoit plus le pouvoir de la déguiser, m’affligeoit assez pour me faire balancer. Je ne pouvois m’ôter de l’esprit qu’il ne voyoit pas sans regret un mariage, que la nécessité qui s’y trouvoit, l’avoit forcé à me conseiller, & dont la réflexion lui causoit du chagrin.

Ne pouvant néanmoins y apporter de remede, & mon coeur, d’accord avec les raisons d’Etat, me pressant de finir, sans lui faire part de mes soupçons, je mar-