Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
LE TEMPS

mes le parti de travailler avec lui, à quoi il nous encourageoit par son exemple.

La crainte de s’ennuyer dans cette solitude l’avoit rendu fort industrieux ; & pendant qu’il avoit été seul, il s’étoit occupé de tout, où on peut dire qu’il avoit généralement réussi, & qu’il étoit devenu un ouvrier universel : ainsi, n’ayant que la peine d’exécuter ses projets, nous menions, par son secours, une vie exempte de la nécessité, trouvant en abondance tout ce qui peut être utile aux besoins effectifs. A la vérité, nous étions privés du superflu & de la délicatesse, mais nous apprîmes à son exemple à nous en passer. Trop heureux, après tant de traverses, d’avoir pu rencontrer un asyle aussi sûr & aussi paisible !

La science de notre Hôte ne se bornoit pas aux seuls talents de la vie champêtre, son esprit avoit été cultivé par beaucoup d’études & par une belle éducation ; il étoit doux & poli, ne semblant nullement né pour une destinée aussi obscure.

Après avoir passé plusieurs jours auprès de lui, continua Almenza, & nous être bien convaincu qu’il nous aimoit tendrement, n’appréhendant plus qu’il s’offensât de notre curiosité, j’entrepris