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ET LA PATIENCE.

traîné que par leurs mouvements. Rien ne lui parut plus propre à les lui acquérir, que la voie des présents : elle l’employa, & réussit parfaitement. Ces âmes mercénaires se dévouant absolument à la faveur, se livrerent à ses intérêts, en sorte que le grand Sacrificateur devint son plus cher confident, & l’ame de ses conseils. Lorsqu’elle eut connu, par une expérience suffisante, qu’il lui étoit véritablement attaché, & que son propre avantage l’empêcheroit de changer de parti, elle ne fit plus rien que par ses avis.

Cette Princesse, voulant être en état de l’entretenir à toute heure, sans crainte que leurs fréquentes conversations pussent causer d’ombrage au Roi, en lui faisant entrevoir qu’elle tramoit quelque chose contre son autorité, ou qui lui donnât sujet d’imaginer qu’oubliant la modestie de son sexe, elle avoit des complaisances criminelles pour ce Ministre de leurs Dieux, jugea à propos, afin d’obvier à tous ces inconvénients, de couvrir leurs trop longues conférences du voile de la dévotion.

Cette hypocrisie lui réussit à merveille, & détournant toutes applications malicieuses, lui acquit un nouvel empire sur l’esprit de son époux, de qui la conduite