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ET LA PATIENCE.

vérité, de nous informer du sujet qui le causoit.

La fin de cette aventure fut une bourse remplie de pieces d’or qui nous fut remise entre les mains, après quoi ceux qui avoient exécuté leurs ordres si exactement, nous abandonnerent, non sans nous avoir répété ce qu’ils contenoient, & nous avoir exhortés à nous y soumettre, en nous invitant d’espérer une heureuse issue à un si triste commencement.

Nous voyant ainsi en liberté, & la crainte de la mort, que nous avions appréhendée, étant cessée, nos pensées se tournerent vers le souvenir d’un pere, que, malgré l’injustice que nous éprouvions de sa part, nous ne pouvions abandonner sans regret ; mais le profond respect que nous avions pour ses volontés, quelqu’injustes qu’elles nous parussent, ne nous laissa pas concevoir la moindre idée de lui désobéir en rentrant secrétement dans ses Etats, ou celle de pénétrer le fatal mystere qui nous en éloignoit. Nous nous soumîmes à la nécessité ; &, recommandant ce Monarque aux Divinités protectrices de notre Patrie, à qui seule nous ne doutions point que fût réservé le pouvoir de le préserver des fu-