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LE TEMPS

nir, Benga, qui connoissoit la cause de cet accident, voulut savoir s’il étoit bien fondé, & demanda à leurs obligeants Hôtes s’ils ne pourroient pas leur apprendre des nouvelles des fils du Roi d’Angole.

Cette question surprit les inconnus ; mais l’ainé ne balança pas, & répondit à l’instant, que, sans chercher à pénétrer dans les raisons qui les portoient à leur faire cette question, un mouvement dont il ne connoissoit pas la cause, l’empêchoit de penser à déguiser la vérité : vous les voyez devant vous, continua-t-il ; &, malgré l’infortune qui les poursuit depuis long-temps, ils s’estimeroient fort heureux, si la curiosité que vous témoignez de les connoître étoit fondée sur l’intention de leur procurer l’occasion de vous servir.

Non, généreux Prince, reprit Benga, je ne suis point ici pour profiter de vos bontés, c’est au contraire pour vous rendre moi-même un service important, auquel je suis persuadé que vous serez sensible. Nous venons exprès, mon frere & moi, pour vous présenter une charmante sœur, qui, touchée de votre triste destinée, erre depuis près de deux ans, dans le seul dessein de la partager.