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LE TEMPS

nouveller leurs provisions, & marchoient gayement. Ces quinze jours étant passés, leur guide roulant toujours, alla frapper à la porte d’une petite cabane, où les Princesses & Benga se flatterent d’apprendre des nouvelles des Princes d’Angole ; Merille fut ravie de cette espérance, & s’abandonna à la joie qu’elle lui causoit, sans faire des réflexions sur ce qu’il s’en falloit plus d’un mois qu’elle n’eût quinze ans, & ne faisant nulle attention aux malheurs dont elle étoit menacée, si elle réussissoit à sa recherche, avant d’avoir atteint l’âge prescrit par sa destinée.

Le bruit qu’avoit fait la boule en frappant à la porte, surprit les paisibles Habitants de ce lieu. Cependant elle ne tarda pas à s’ouvrir, & il en sortit un homme dont la physionomie douce & sage prévenoit en sa faveur ; il paroissoit avoir vingt-sept ou vingt-huit ans.

Quoiqu’il fût habillé d’une simple toile, & qu’une bêche qu’il tenoit à la main dût annoncer que sa condition n’avoit rien de brillant, il étoit cependant difficile de le prendre pour une personne du commun.

La satisfaction que Merille eut en le voyant, & le pressentiment qu’il étoit un de ceux qu’elle cherchoit avec tant de soin, la saisirent de telle sorte, qu’après