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ET LA PATIENCE.

rez éviter d’éprouver bien des infortunes. Je vous le répete, vous feriez mieux de rester dans le quartier de la jeunesse, où je vous serois favorable, plutôt que de courir les risques d’éprouver mes caprices ; car je ne vous cache point que j’en ai de fâcheux, & j’ajoute qu’il ne vous sera possible de les vaincre que par la faveur de la Patience. Après cela, continua-t-il, je ne vous retiens point, votre sort dépend du choix que vous ferez ; mais je vous avertis que vous ne me reverrez pas sitôt favorable.

Il disparut à ces mots, & laissa cette jeune famille dans une fort grande consternation ; la Patience les voulut vainement consoler, ils ne l’écouterent pas ; &, malgré les conseils, ils abandonnerent l’asyle charmant qui leur étoit offert.

La tranquille Divinité, voyant le peu de considération qu’ils avoient pour elle, les quitta aussi, en leur disant avec sa douceur ordinaire, qu’ils ne s’appercevroient de l’utilité dont elle leur étoit, que quand ils l’auroient perdue, & leur prédit qu’ils ne seroient pas long-temps sans la rappeller ; mais la pétulante jeunesse, qui est rarement d’accord avec la prudence, ne leur permit pas de faire la moindre atten-