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LE TEMPS

dents ressentent leurs fautes dans ces fatales circonstances, ajoutant aux infirmités de la vieillesse la douleur d’être privés des aisances de la vie, qui leur seroient alors plus nécessaires que jamais ; ainsi que d’un reste d’ombre de santé ou de vigueur, dont jouissent ceux qui n’ont pas été assez mal avisés pour en abuser, & qui, en cette occasion, trouvent sa récompense de leur modération. Ces derniers profitent de ces beaux jours de gelée, où le soleil fait briller les rayons ; d’autant que le mérite & la probité ne perdant point leurs droits, ceux d’entre ce Peuple, qui ont eu le bonheur de les acquérir, ressentent la douceur de se voir des admirateurs, même parmi les Habitants de la plus brillante jeunesse.

Enfin Benga & les Princesses arriverent au dernier des logements de la nature, qui bornent l’Empire du Temps ; c’est celui de la décrépitude. L’imbécillité y regne presque souverainement : ce lieu est entouré d’une grosse étoffe violette, au travers de laquelle le jour ne forme qu’une lumière incertaine, qui le rend épouvantable ; le Temps affreux en a la direction ; toute beauté y est effacée, sans pouvoir en conserver le moindre vestige.