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ET LA PATIENCE.

le souvenir de leur conduite passée, mettant un juste prix à ce qu’elles valent, les rend plus ou moins estimables, & fait leur malheur ou leur félicité. Celles qui ont négligé cette sage précaution, ont beau chercher le secours d’une prudence forcée, pour persuader de leur mérite ; toutes les médisances qu’elles font des autres, & dont elles accompagnent les éloges qu’elles se prodiguent à elles-mêmes, glissent sur l’esprit de ceux qui les entendent, & le Temps qui découvre la vérité, les fait connoître telles qu’elles sont.

Le desir de plaire n’a point entiérement quitté ce séjour : il y en a encore beaucoup dans l’un & l’autre sexe qui sont assez ridicules pour prétendre réparer les agréments, dont l’éloignement de la jeunesse les a privés depuis bien des années, par le secours de l’artifice. Si les femmes prodiguent le fard & les pommades pour cacher leurs rides, bien des hommes n’épargnent point les ajustements les plus enfantins, & ne sont pas moins empressés à déguiser les défectuosités où le Temps les a assujettis : mais les uns ni les autres ne tirent d’autres fruits de ces peines, que ceux d’augmenter leur laideur & leur ridicule