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LE TEMPS

grand bonheur, tandis que les autres gémissoient dans la plus affreuse misere.

La couleur régnante étoit d’un brun clair : les fruits de l’Eté s’y voyoient en abondance, mais on y distinguoit facilement les plants de la jeunesse, puisque ceux qu’avoient produits le bon terroir & la sage culture, étoient beaux & profitables, tandis que les autres représentoient une disette qui suit les récoltes manquées. Les seules fleurs étoient des soucis chez les uns, & des immortelles chez les autres. Le bon & le mauvais Temps y habitoient, ainsi que dans la galerie d’où les trois Voyageurs venoient de sortir ; & le Temps imprévu rendoit leur état aussi peu fiable, faisant, selon son caprice, passer le premier à la place du dernier, & le remettant à celle d’où il venoit de chasser son compagnon.

Les plaisirs n’étoient point absolument bannis de ce lieu, mais ce n’étoient pas les mêmes qui brilloient chez la jeunesse : le jeu, la promenade, & la somptuosité des habits, des meubles & des repas, joints aux spectacles, succédoient aux escarpolettes, aux danses sur la fougere, aux mascarades & à la galanterie.

Les rossignols avoient cessé leurs ramages ; uniquement occupés du soin de