Page:Villeneuve - Le Temps et la patience, tome 1.djvu/103

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
97
ET LA PATIENCE.

Insensiblement, & malgré l’admiration des merveilles qui frappoient leurs yeux, & auxquelles ils s’arrêtoient à chaque instant, nos jeunes Voyageurs le trouverent dans la galerie de cet âge mûr, si estimable & si peu souhaité. C’est ici, leur dit la Patience, que je trouve de l’exercice, & que celles qui ont recours à moi, s’épargnent bien des peines, en rappellant souvent, par mon secours, le temps heureux.

Les meubles & les jardins de cet âge n’étoient pas d’une couleur si brillante que ceux du précédent, mais ils étoient plus utiles, leur éclat plus durable & plus solide. Les habitants de ce lieu ne s’occupoient qu’à des exercices laborieux : les uns, dévoués à la justice, ne songeoient qu’à la rendre au Public ; d’autres le signaloient dans les Armées, ou travailloient, par un commerce assidu, à rendre l’Etat florissant : les uns armoient des Vaisseaux & couroient les mers, pour acquérir les richesses du Nouveau Monde ; d’autres, dans un état plus bas, vivoient avec peine du fruit de leurs travaux, ou de leur industrie ; l’ambition, l’amour des richesses, & la nécessité étoient les passions triomphantes, qui tenoient la place des plaisirs. Ils en voyoient qui jouissoient du plus