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PREMIERS EVÊQUES DE ROME.

Mais quoique ce désastre frappât l’esprit de tous les chrétiens dispersés dans le monde, la vie des premiers évêques de Rome resta presque entièrement ignorée. La durée de leur pouvoir, leur ordre de succession, sont mêlés de quelques doutes. Les chrétiens n’avaient encore à Rome aucun temple, aucun autel ils se réunissaient dans quelque chambre haute, dans la maison de quelque frère pour prier ensemble. Beaucoup d’entre eux étaient étrangers, Juifs ou Syriens, et lorsqu’ils voulaient se figurer la magnificence des cérémonies religieuses, ils songeaient au temple de Jérusalem. Clément, troisième évêque de Rome, dans une épître aux chrétiens de la ville de Corinthe, agitée par quelques divisions, les exhorte à la paix et à l’obéissance par l’exemple du culte mosaïque, où le souverain pontife, les sacrificateurs et les lévites ont chacun leur office et leur place marqués. Ainsi, dans le premier siècle, après les cruautés de Néron, Rome idolâtre renfermait une société chrétienne dont le chef était en commerce avec d’autres sociétés semblables de Grèce et d’Asie. La lettre authentique de Clément, sous la date de l’an 69, commence par ces mots « L’Église de Dieu qui est à Rome, « à l’Église de Dieu qui est à Corinthe. »

L’enthousiasme était la loi commune de toutes

    Neronem in hanc sectam cùm maxime Romae orientem Caesariano gladio ferocisse. Sed tali dedicatore damnationis nostrae gloriamur. Qui enim soit illum intelligere potest non nisi grande aliquod bonum a Neroue damnatum. (Tertulliani Apolog.)