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INTRODUCTION. — PREMIÈRE ÉPOQUE.

l’origine du respect qui devait s’attacher dans la suite à l’Église de Rome.

On révéra le cachot de Mamertin, comme le lieu d’où avaient été tirés les deux apôtres, Pierre et Paul, pour aller au supplice. Ces souvenirs servirent de texte à de fabuleux récits. On publia de prétendues lettres de Paul à Sénèque et de Sénèque à Paul, où, dans un latin barbare, le philosophe stoïque parlait de l’Esprit-Saint, et où Paul annonçait qu’il avait attendri Néron. Parmi ces fraudes de l’ignorance et du zèle aveugle, ce qui était vrai, ce qui saisit profondément les hommes, c’était la tradition d’une grande iniquité, d’un vaste et odieux supplice ordonné par Néron. Nulle part jusque-là, tant de chrétiens n’avaient péri cette sanglante primauté de malheurs commença l’illustration de l’Église romaine. Dans tous les coins du monde où se trouvaient quelques affiliés du culte nouveau, on s’entretint du grand martyre de Rome et cent ans après, un Africain, un habitant de Carthage, adressait au gouverneur païen de la province, ces paroles où respirent tout le génie de la foi nouvelle et toutes les espérances qu’elle offrait à l’univers « Con- sultez vos livres, vous y trouverez que Néron, le « premier, s’arma du glaive des Césars contre notre « secte alors naissante dans Rome nous tirons gloire « d’une proscription commencée sous de tels aus « pices. Peut-on connaître cet empereur, et ne pas « comprendre qu’une chose condamnée par Néron « était un grand bienfait pour le genre humain[1] ? »

  1. Consulite commentarios vestros. Illic reperietis primum