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PREMIERS EVÊQUES DE ROME.

reste fut forcé de se bannir ou d’abjurer ; et Tibère fit brûler leurs vêtements religieux et tout le mobilier de leur culte.

N’est-il pas vraisemblable que, sous cette dénomination confuse de cultes égyptiaques et judaïques, dans cette proscription dédaigneuse qui frappait à la fois Jéhovah et la déesse Isis, déjà quelque levain de christianisme était caché ? Mais cet élément formait-il une société distincte ? La portion chrétienne de ces persécutés avait-elle dès lors un chef, une hiérarchie ? Un évêque d’Antioche, de cette ville où les nouveaux réformateurs prirent pour la première fois le nom de chrétiens, vint-il à Rome pour être l’évêque des chrétiens ? Ces hommes, accusés de l’incendie de Rome sous Néron, et, qui, suspendus à des croix, le corps enduit de bitume, brûlèrent comme des torches nocturnes dans les jardins de l’empereur illuminés par leur supplice, avaient-ils alors un chef reconnu ? Étaient-ils entièrement séparés de la secte judaïque ? L’histoire ne transmet, à cet égard, aucun fait détaillé. Mais en voyant avec quelle promptitude la société chrétienne se formait dans l’Égypte et l’Asie Mineure, on ne peut douter qu’à Rome, où elle était assez nombreuse pour fournir tant de victimes, elle n’ait eu quelques chefs qui la gouvernaient ou du moins qui la précédaient au martyre.

Dès le commencement du deuxième siècle, une croyance générale parmi les chrétiens place à Rome, et sous Néron, la mort des deux principaux apôtres de la religion : et, dans cette idée même, on voit