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ESSAIS SUR LE GÉNIE DE PINDARE

poëtes, et qu’ils montrent dans leurs vers féconde et inépuisable, ruisselante de fleuves et parée de montagnes.

« Je chanterai la Terre, mère universelle, base inébranlable, qui nourrit toute chose ici-bas. Tout ce qui, en effet, marche sur le sol, ou traverse la mer, ou vole dans les airs, tire sa nourriture de toi et de ta richesse ! C’est par toi que la famille est prospère en beaux enfants et en belles moissons, ô déesse ! C’est de toi qu’il dépend de donner et de conserver la vie aux périssables humains. Fortuné celui que tu honoreras de ta faveur ! à lui tout vient en abondance. Pour ceux-là foisonnent les guérets chargés d’épis, les troupeaux croissent dans les champs et la maison se remplit de biens. Ils gouvernent par de sages lois leurs villes ornées de belles femmes. Le bonheur et la richesse les suivent en tout. Leurs fils s’enorgueillissent d’une gaieté fraîche et nouvelle ; et leurs jeunes filles, se jouant avec allégresse en chœurs couronnés de guirlandes, dansent parmi les fleurs de la prairie : les fils et les filles de ceux que tu veux honorer, sainte déesse, inépuisable génie ! Salut, mère des dieux, épouse du ciel étoilé ! en retour de mes chants, accorde-moi par ta faveur une vie fortunée. J’aurai souvenir de toi, et je m’occuperai d’un autre chant. »

La plupart de ces hymnes, bornés à quelques vers, ne semblent que des formules d’invocation, dont il