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ET SUR LA POÉSIE LYRIQUE.

Cette forme vraiment magnifique de l’ode n’a du, chez les Hébreux eux-mêmes, atteindre à toute sa hauteur que lorsqu’elle se mêlait à une cérémonie sainte dont elle était la voix ; comme, par exemple, sous David, dans la translation de l’arche sainte au sommet de la montagne de Sion, entre les pompes d’un concert triomphal où tout Israël était associé.

Alors, ce semble, apparut l’enthousiasme lyrique dans sa plus haute expression : élévation du sujet, immensité du chœur, sublimité du langage. Alors retentit cet hymne incomparable : « À Jéhovah la terre et tout son appareil, le globe et ceux qui l’habitent ; car il l’a fondée sur les mers, et l’a élevée au-dessus des fleuves. Qui osera gravir la montagne de Jéhovah, et s’arrêter dans sa sainte demeure ? L’homme aux mains innocentes et au cœur pur, qui n’a pas mis sa confiance en de vaines divinités, et qui n’a pas juré, avec le dessein de tromper : celui-là remportera la bénédiction de Jéhovah, et la justice des mains de Dieu, son Sauveur. Telle puisse être la nation qui le cherche, et qui voit la face du Dieu de Jacob ! »

Ainsi chantant, la fête religieuse montait vers le nouveau tabernacle, sur la cime de Sion ; et, comme elle approchait, le peuple musical des lévites, divisé en deux chœurs, éclatait en ces accents : « Élevez vos fronts, ô Portes ! Enorgueillissez-vous, Portes éternelles ! le roi de gloire est près d’entrer. Quel est ce

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